(Je me excuse de mon français... même si je me débrouille... suis très loin de parler ou écrire correctement. F.S.C.)

28/10/2011

Ferran Sanchez Castillo perçoit les corps comme on parcourt un chemin inconnu qui ne peut que ramener à soi. Il les utilise comme miroir de son étreinte pour le genre humain et ce, à travers le nu masculin. Une projection de peluches humaines en forme d’interrogation sur l’être qu’il fût et sur celui qu’il est. Chaque corps raconte de son propre être dans un espace tendu par la seule limite du cadre. En seulement deux ou trois poses subtilement suggérées à ces corps, il poussent ces derniers à la conquête de leur être plein et entier dans ce qu’il a de plus lumineux.


Son travail photographique respire comme il existe avec autrui, par un questionnement au-delà de tout jugement de valeur. Par sa constante bienveillance à l’égard des hommes qui posent pour lui, il réussit à fixer sur le papier cet être-là masculin, à chaque fois beau dans le singulier dans son identité. Bien sûr, son sens de l’esthétisme met en scène une certaine représentation du Beau. Mais il ne s’agit pas d’une Beauté falsifiée par le paraître mais uniquement créée par la vérité de l’être en devenir qui se fige face à son objectif le temps que dure le déclencheur de la lumière.


Le symbolisme permet de questionner, de poser la question du pourquoi être humain.


Comme à trois ans où la peluche, objet transitionnel d’un amour inconditionnel, rassure pendant l’absence de la mère. Cet âge primaire de l’existence humaine où les premières interrogations surgissent de l’Inconscient pour se verbaliser. C’est l’authenticité de cette mise en route du questionnement dans la conscience humaine que Ferran Sanchez Castillo recherche dans son univers peuplé de centaures d’un genre nouveau, des peluches à corps d’homme.


Cet objet symbolique aide à trouver le sommeil des premières solitudes conscientes de l’enfant. Il devient le moyen de transfert de l’amour absolu pour cette maman, cette mère, cette génitrice qui donna plus que la vie ; la mort par l’enfantement.


Dans cette première absence, le petit être en peluche tient compagnie dans l’apprentissage du rapport à autrui, et donc de l’amour.


Bientôt nous devenons adulte pour oublier nos peluches d’enfant comme les aimés disparus trop vite. Ne réapparaissent-ils pas de notre Inconscient beaucoup plus tard sous des formes plus humaines ? Ne nous attachons-nous pas parfois à des personnes pour le simple fait de se sentir rassuré d’être vivant ? N’essayons-nous pas de temps en temps de les posséder pour se réveiller avec la sensation d’avoir réussi à survivre à une nuit supplémentaire ?


Ferran Sanchez Castillo se questionne avec le même émerveillement authentique que tout être humain possède à l’âge de trois ans. Il entre ainsi dans un questionnement perpétuel qui est à chaque fois un retour à soi, à sa condition d’être-là-pour-autrui. A travers ces personnages hybrides symbolisés dans son monde fantasmagorique, Ferran Sanchez Castillo vous invite à entrer dans le microcosme bigarré de son questionnement d’enfant, de son questionnement sur l’identité du genre et de son questionnement sur la nature des relations humaines.


Aviez-vous une peluche ?


Texte:
Chalvi Deveyan

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